texte de Yves Pelletier, commissaire général de la Biennale de Vallauris 2010

Lorsqu'elle réalise ses oeuvres qui, comme elle aime le rappeler, se situent "entre le tableau et l'objet, la peinture et la sculpture, l'oeuvre et l'installation", Flavie Cournil se donne pour objectif premier de limiter au maximm le recours à des techniques complexes. Soucieuse d'éviter une certaine forme de grandiloquence, de babillage obséquieux et inutile qui aurait l'allure d'une démonstration, elle organise une sorte de "décroissance" du discours qui restitue l'oeuvre au coeur du travail de l'artiste. Elle se donne aussi par ce biais, les moyens d'avoir plus de liberté, de ne pas se perdre. Seule semble compter pour elle la clarté du propos, préservant ainsi la capacité que peuvent avoir ses créations à toucher notre sensibilité. Les deux exemples qu'elle nous donne à voir ont été tout simplement découpés dans des plaques de porcelaine puis peints à l'aide d'engobes. La rapidité d'exécution lui permet de conserver la fraîcheur et la spontanéité du geste, la simplicité du résultat obtenu, son efficacité. Cette économie de moyens garantie l'impact visuel des pièces, qu'accentue encore le choix de la monochromie. Leur lecture se fait d'une manière sensible et immédiate. Elles n'en sont pas moins étonnamment puissantes par le traitement des volumes mis en oeuvre. Leurs petites dimensions n'empêchent en rien l'impression de monumentalité, sans jamais pourtant se départir de cette poésie légère due au dessin des formes, un dessin presque fébrile, esquissé rapidement et apparement sans soin particulier ou, en tout cas, sans stratégie et loin de tout académisme. Accrochées directement au mur ou posées en équilibre sur de petites tablettes, leur présentation est conçue avec, paradoxalement, beaucoup de soin pour qu'elles nous soient accessibles et familières.

Yves Peltier

texte publié dans le catalogue de la Biennale Internationale Création Comtemporaine et Céramique, Vallauris 2010