On peut dire que l’objet est dans la matière brute et qu’il faut l’y chercher. On peut dire qu’il faut l’y trouver, la matière se défend bougrement, on peut dire que la sculpture est dans ce bloc, on peut aussi dire que la sculpture est la façon d’appréhender ce bloc, on peut tout dire à vrai dire, on sait que l’objet ou la sculpture se trouvent dans le morceau d’espace, un morceau plein et parfois vide, qu’il faut les extirper ou les modeler, on devine, on croit savoir la forme, il faut la révélation pour en être certain, il faut les bons gestes à défaut de bons mots, il faut que se rejoignent le travail et l’œuvre pour que naisse une évidence, ce qu’on a sous le nez et dont on peut parler. Ici d’arbre et là de terre, de roc ou d’aciers mélangés, les bases du monde. Moi qui ai du mal à en parler, je ne fais que supposer et je regarde où l’outil est passé, où la main a forcé mais je ne sais pas regarder l’essentiel, je devrais me dire qu’il faut que je regarde la sculpture comme autre chose, un plat cuisiné par exemple et que l’important est de bien la consommer et en bonne compagnie.
pierre rochigneux
22/24 m2010ai